samedi 15 août 2009

Cheikh Zahaoui, anti-artiste officiel sous Saddam

Dans une échoppe rue Lemchadjar, Cheikh Zahaoui vit autant de son art que de ses compétences religieuses. Consulté plus souvent pour une "Rokia" que pour lui commander un tableau en Riqaa, il aime à se présenter comme cheikh de la Tariqa Al Kadirya (en référence à Abdelakader Al Djilani). Ce Kurde, né en 1946, a débuté d’abord comme artiste-peintre avant de reprendre la place de son père en tant que chef de file de la Tariqa dans sa région et occuper la place d’Imam. C’est à ce moment, dit-il, qu’il s’est orienté vers la calligraphie, "un art proche du sacré. L’impressionnisme étant profane et à la limite interdit". Effectivement, Khalil Ezzahaoui fut l’un des premiers impressionnistes irakiens. Mais du jeune artiste aux allures baba-cool des années 1960, il ne reste plus que des photos qu’il nous présente avec un sourire presque nostalgique. Dans son petit magasin, qui s’apparente à une véritable galerie d’art, Cheikh Zahaoui continue, certes, à vivre de son art accompli. Il a à son actif au moins 140 expositions dans le monde. Quelques-uns de ses tableaux ont acquis la valeur d’œuvres immortelles en entrant au musée de la calligraphie. Il est aussi auteur de 13 ouvrages sur la calligraphie destinés aux élèves des beaux-arts, réédités une bonne dizaine de fois. Mais la modestie des lieux et de l’homme renseignent aussi sur une sorte de détresse de l’artiste. Même s’il ne vit pas dans la misère, Cheikh Zahaoui ressent tout de même ce manque de reconnaissance de la part de ses pairs. Lorsqu’on lui demande ce qu’il pense du mouvement des calligraphes en Irak il sourit : "Les calligraphes sont nombreux, dit-il, mais les artistes sont rares". Il reconnaît, toutefois, que des artistes de la trempe de Haïder Rabee ou de Ayad Al Husseïni méritent respect et considération. A.E. In quotidien L'Actualité (Alger) 07/11/2002

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